FIN DE VIE: "LE FIGARO" AUX ABOIS

L'éditorial et l'article de tête du Figaro d'hier manifestent les craintes des conservateurs devant les travaux actuels de la Convention citoyenne sur la fin de vie et les débats parlementaires qui s'en suivront pour donner enfin à la France une loi respectant la liberté individuelle de choisir sa mort, avec l'aide des soignants. L'éditorial en appelle à Hippocrate et aux lois morales. L'article hurle la détresse de nombreux soignants refusant de "tuer" un patient. Je respecte leur opinion: il sera nécessaire que la nouvelle loi comporte un droit de retrait des soignants faisant valoir leur clause de conscience vis-à-vis de cette pratique, comme cela a été prévu pour l'IVG. Quant à Hippocrate, qu'il repose en paix, mais il faut cesser ces débats hypocrites masquant la réalité. Devant le devoir premier que nous avons d'écouter nos patients et de leur assurer une mort paisible (eu-thanatos), il est des situations dans lesquelles le médecin doit assumer une aide à mourir. Certains distinguent l'aide passive (arrêt des soins) et l'aide active (administration de substances létales ou suicide assisté) mais le choix des soins doit correspondre, non aux croyances des soignants mais aux souhaits des patients. Si nécessaire, un soignant peut tuer! Beaucoup d'entre nous l'ont déjà fait. Ce n'est pas un meurtre, c'est un acte d'amour dont la décision doit être collégiale et soumise à des contrôles stricts pour éviter les dérives dont les opposants au changement nous menacent à tort, vu l'expérience acquise au Benelux.