DÉDIABOLISONS L'EUTHANASIE!

Un volumineux débat s'est déroulé hier sur Linkedin à propos du message émis par Sara Reynaud avouant qu'elle avait euthanasié son fils Lucien, avec l'accord des médecins qui les accompagnaient, pour une amyotrophie spinale de type 1, maladie assurément mortelle à court ou moyen terme. Pour la plupart, les réponses à l'autrice exprimaient l'empathie des correspondants. Parfois, ils ajoutaient de plus des remarques dubitatives quant à la réalisation active ou passive de cette aide à mourir, quant à la "dignité" de ce geste, voire quant à sa nécessité! Vivant viscéralement ces critiques, Sara m'a semblé en retour devoir se justifier en répondant : "Nous avons agi dans le cadre de la loi Léonetti, cependant cela reste de l'euthanasie car Lucien aurait pu vivre quelques jours ou semaines, peut-être même jusqu'à Noël." Sara s'est privé d'un Noël potentiel pour que Lucien ne souffre plus. Son geste d'amour est admirable. Il nous démontre une fois encore l'hypocrisie de la loi Léonetti de par son "double effet" masquant la triste mais nécessaire réalité des faits: on peut tuer... mais en ne voulant naïvement que soulager! Son acte illustre la nécessité de l'aide à mourir passive ou active dans des situations où les soins palliatifs n'ont pas ou plus d'indication. Il vient à l'appui d'une critique majeure du projet de loi actuel qui refuse l'euthanasie aux mineurs. Euthanasier n'est pas un crime. Arrêtons de déformer ou de refuser l'usage de ce mot, de condamner la pratique des actes nécessaires à l'obtention d'une "mort paisible" que sir Francis Bacon, médecin et philosophe, décrivait en 1602 comme l' "euthanatos"!