L'EUTHANASIE: UN PROGRÈS SOCIAL?

Tel est le titre du récent livre d'Isabelle Marin, médecin, et de Sara Piazza, psychologue, travaillant toutes deux en centre de soins palliatifs. Cet ouvrage est disponible depuis septembre. Son analyse très laudative vient de paraître dans "L'Humanité". Curieusement, "L'Huma" soutient ainsi l'opposition à un progrès législatif souhaité par 90% des Français! Il admet les contradictions de ces autrices sur la constance de l'efficacité des antalgiques. Il laisse croire qu'un médecin digne de sa fonction pourrait supprimer un patient pour "libérer un lit". Il laisse place à une information partielle et déformée, attaquant les possibles excès des récentes expériences espagnoles et canadiennes sans citer les indiscutables et pérennes succès belges et hollandais. Il autorise des messages, anxiogènes: "Les patients auront très peur..." ou fallacieux affirmant qu'on ne pourrait pas "dans le même endroit faire tout pour guérir, soigner, soulager et aussi faire mourir". C'est pourtant ce que nous avons fait avec mes collaborateurs pendant vingt ans à Saint-Antoine!

Il faut changer les mentalités. "Eu-thanatos", la mort paisible, doit être un objectif collectif en redonnant au mot son sens premier pour offrir à tous les patients, libres de leurs choix, les composantes utiles à son obtention: un accompagnement de qualité, d'éventuels soins palliatifs, l'absence d'acharnement thérapeutique, une possible aide médicale à mourir. Cette question sur l'euthanasie n'est pas sociétale. Intemporelle, elle se pose et devrait se résoudre à l'échelon de nos libertés individuelles. Malgré leurs qualités connues de soignants, les autrices de ce livre n'ont rien à imposer en se cachant derrière un point d'interrogation auquel leur réponse paraît ensuite unidirectionnelle.