Euthanasieur. Faut-il créer un nouveau métier ?
3 Avril 2023
La conclusion des travaux de la Convention citoyenne sur la fin de vie a été remise hier matin à notre président, Emmanuel Macron. Celui-ci a aussitôt décidé de confier au gouvernement et au parlement la responsabilité de la rédaction d'un projet de loi autorisant l'aide à mourir avant la fin de l'été. Il a tracé en préambule le schéma "à la française" qui devra guider ce travail, en fixant quelques lignes rouges à ne pas dépasser. J'en suis inquiet. Oui, les contrôles de l'euthanasie doivent être stricts, pour moi encore plus stricts qu'en Belgique, mais s'il y a contrôle pourquoi fermer les frontières! Pourquoi refuser ces mesures thérapeutiques aux inconscients et aux mineurs? Stop à l'hypocrisie! Depuis des décennies, des médecins français ont utilisés des "cocktails lytiques" pour endormir définitivement des agonisants. À 21 ans, externe des hôpitaux, j'ai participé à la fin de vie d'un adolescent atteint d'une tumeur du,péricarde et c'est un triste mais très beau souvenir. Plus tard, j'ai su ce qu'était la fin de vie d'un enfant atteint de mucoviscidose, étouffant lentement, la fin d'un adulte se cognant la tête contre le mur du fait de douleurs provoquées par desmétastases cérébrales. Dans un chapitre de mon livre "Mon métier: euthanasieur", j'aborde aussi le problème de l'euthanasie pour pathologies de malformations néonatales, jamais évoquée dans les discussions actuelles. J'ai assisté la mort de plus de quatre mille patients et ai le droit de "hurler" comme je l'avais fait dans ce chapitre "Hurler" de "... Et à la fin sera le verbe"!
Stop à l'embryon de loi (Léonetti, 2005) ou à la demi-loi (Léonetti-Claeys, 2016) "à la française". Bâtissons ensemble une loi aussi exhaustive que possible, facilitant l'accompagnement, développant les soins palliatifs dont certaines unités devront, comme en Belgique, pratiquer l'aide médicale active à mourir, loi respectant prioritairement les malades, , mais aussi les soignants (droit de réserve). Enfin que cette loi autorise, en milieu hospitalier ou à domicile, toute aide nécessaire à l'obtention d'une "mort paisible" (eu-thanatos)!