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Euthanasieur. Faut-il créer un nouveau métier ?

ACCOMPAGNER LA MORT N'EST PAS DONNER LA MORT

ACCOMPAGNER LA MORT N'EST PAS DONNER LA MORT

Ce titre est celui du premier entretien accordé au journal "Le Monde" par François Braun, actuel ministre de la Santé. Cet urgentiste connaît la mort et mérite notre confiance mais ce titre m'inquiète. Ayant accompagné plus de quatre mille mourants au cours de ma carrière, j'ai parfois eu le devoir de donner la mort.

Déclarant le débat ouvert suite aux conclusions de la Convention citoyenne, ce néo-politicien sait être prudent dans ses déclarations. Il reconnait qu'il est peu admissible que des Français partent à l'étranger pour mourir selon leurs souhaits. Ayant dû lui-même soigner des mourants, y inclus des enfants (point à souligner à notre président qui souhaite exclure les mineurs du cadre de la loi), mon collègue admet, contrairement au titre débutant son propos, la nécessité de donner la mort dans "des cas très précis rigoureusement encadrés". Il souligne l'importance d'une "plus grande appropriation des directives anticipées" mais entre de ce fait en contradiction avec la loi actuelle qu'il soutient en demandant "meilleur recours à la sédation profonde et continue jusqu'au décès". Il me surprend par sa réserve: "On ne répondra jamais à toutes les situations" car notre devoir de soignant est de répondre à toute demande individuelle, par l'écoute puis le recours à une expertise ou à une décision collégiale si nécessaire. Il m'étonne enfin parce qu'il ne croit pas que l'aide à mourir "doive se faire nécessairement dans un environnement médical"; certes, il faudra envisager des actes à domicile, éventuellement réalisés par un "euthanasieur" accompagné d'un psychologue comme je l'imagine dans mon livre, mais ces actes devront être obligatoirement précédés d'une décision médicale strictement contrôlée. Non à certaines "auberges à mourir" suisses! Non au "débrouillez-vous avec vos cachets" de l'Oregon! Oui à notre devise républicaine: liberté, égalité, fraternité!

Qu'il est difficile d'être ministre de la Santé!... mais il y a des solutions pour satisfaire chaque citoyen, chaque patient, chaque soignant, en ouvrant toutes les portes, mais en les contrôlant.

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