10 Mars 2023
Le journal "Le Monde" décrivait hier l'activité du Dr. Charles Blanke, oncologue spécialiste du cancer du pancréas exerçant en Orégon. Cet état américain est le premier à avoir légalisé le 27 octobre 1997 la possibilité médicale de prescrire des produits létaux par voie orale les mettant ainsi à disposition de patients atteints d'une maladie incurable engageant à terme le pronostic vital. Le Dr. Blanke, du fait du mauvais pronostic habituel de la pathologie qu'il traite, est devenu le premier prescripteur de cette aide médicale pour dit-il: "bien vivre sa fin de vie". Il est responsable d'environ vingt pour cent des prescriptions de ce type dans son état avec 70 ordonnances en 2021 et 60 en 2022. Les patients ont le choix de prendre ou non le produit. Seule environ la moitié l'utilise mais tous les patients se disent satisfaits, tranquillisés d'avoir cette possibilité à disposition. Le Dr. Blanke insiste sur le fait que cette aide n'est ni un suicide assisté, ni un meurtre par compassion et encore moins un homicide. D'ailleurs ultérieurement lors du décès, sur le certificat médical rapportant sa cause, est seulement mentionnée la maladie causale. Ainsi les compagnies d'assurance ne pourront pas refuser d'honorer d'éventuels contrats conclus antérieurement.
Cet article vient ici à l'appui des défenseurs de cette pratique en cette époque où se prépare la future loi française sur le sujet. Méfiance!!! Il ne faudrait pas limiter notre progrès législatif à cette ouverture dont la présentation rejoint les propos hypocrites de nos textes passés ( "principe du double effet" en 2005, "sédation lente et profonde" en 2016). Il s'agit bien d'une assistance au "suicide", ou je ne connais pas le sens de ce mot. Mais le patient doit ensuite se débrouiller seul; il peut faire ce qu'il veut du produit létal! Un patient inconscient, inaptes à la prise d'un produit oral ne pourra pas en bénéficier... Tout médecin doit rester à l'écoute et à la disposition des patients... Chaque patient doit rester libre de son choix de fin de vie si possible exprimé sur ses directives anticipées ou transmis par sa personne de confiance. Interdisant l'aide médicale active à mourir, les États-Unis sont très en retard sur les pays du Benelux pour la prise en charge de la fin de vie. Ils ne devraient pas être pris en modèle.