FIN DE VIE: DEUX MINISTRES DE FRANCE EN SUISSE

Olivier Véran, ministre des relations avec le parlement, et Agnès Firmin le Bodo, ministre déléguée aux professions de santé, accompagnés de membres de la nouvelle commission parlementaire sur la fin de vie, se sont rendus cette semaine en Suisse pour rencontrer des membres du personnel soignant des hôpitaux universitaires de Genève. Dans ce pays, contrairement à ce que beaucoup pensent, l'aide médicale active à mourir reste un crime. C'est suite à une jurisprudence datant de 1899 que le suicide assisté y a été toléré. Celle-ci provenait d'un tribunal militaire ayant décidé d'absoudre un officier général qui avait poussé son subalterne, amant de sa femme, à se tirer une balle dans la tête! Actuellement, l'acte suicidaire est organisé par cinq associations, dont certaines comme Exit à Lausanne et Zurich, sont bénévoles, sans but lucratif, dont d'autres, les seules accessibles aux Français, demandent près de dix mille euros pour une aide à mourir (neuf mille euros pour Dignitas à Zurich en 2014). Dans tous les cas, l'acte suicidaire est filmé pour communication à la police afin d'éviter toute juridiction pénale consécutive. Recevant nos ministres, le Président du conseil d'état du canton de Genève a souligné que "vouloir régler par une loi des questions qui se règlent par le dialogue, l'empathie et l'écoute pourrait amener à un blocage et à une déresponsabilisation de l'ensemble des acteurs". Autrement dit: ne rien changer!

La Suisse reste un pays conservateur. L'aide à la fin de vie y est gérée par des structures associatives hétérogènes, parfois motivée par des intérêts lucratifs. Elle ne doit pas être un modèle pour la France d'autant que le suicide assisté ne peut pas répondre à toutes les demandes d'assistance médicale à mourir. Notre future loi devra pacifier le débat en satisfaisant tous les intervenants, patients et soignants, dans le respect de nos libertés individuelles.