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Euthanasieur. Faut-il créer un nouveau métier ?

DÉPÉNALISATION DU SUICIDE ASSISTÉ: UNE DEMI-MESURE

DÉPÉNALISATION DU SUICIDE ASSISTÉ: UNE DEMI-MESURE

Les travaux de la Convention citoyenne sur l'aide à la fin de vie se poursuivent. Il y a huit jours, les élus du sort participants à ces travaux ont bénéficié d'un exposé de Monique Canto-Sperber, ancienne directrice de l'école Normale Supérieure, ancienne vice-présidente du Comité national d'éthique (CNE). Elle s'est voulue laïque mais non antireligieuse en proposant la dépénalisation du suicide assisté tout en s'opposant à la légalisation de ce qu'elle dénomme à tort euthanasie en la limitant à l'aide médicale active à mourir. Cette philosophe a oublié la définition de ce mot par son prédécesseur, sir Francis Bacon. Habile politiquement, elle oppose la plus facile acceptation morale du suicide assisté par les soignants à l'impossibilité de tuer manifestée par une majorité de médecins. Elle propose donc de ne modifier la loi de 2016 que par l'ajout du suicide assisté. Suivant le récent avis du CNE, elle considère cette loi très efficace lorsqu'elle est bien appliquée, permettant par l'arrêt des soins une aide passive à mourir, proposant aux patients qui le souhaitent une sédation profonde et continue. Cette loi actuelle solutionne le court terme. La possibilité d'un suicide assisté, très contrôlée bien sûr, solutionnerait les demandes de fin de vie à moyen terme sans enfreindre le commandement universel: "Tu ne tueras pas".

Cet ajout constituerait certes un progrès mais laisserait non résolues de nombreuses situations que Monique Canto-Sperber qualifie à tort d'exceptionnelles. Vincent Lambert, Vincent Humbert et les "victimes" du docteur Bonnemaison en ont été des illustrations justement médiatisées depuis le début de ce siècle. Certaines pathologies néo-natales, des pathologies pédiatriques resteraient ignorées par une loi limitée aux adultes. L'hypocrisie de la loi actuelle persisterait, source de dérives, tant par abus que par défauts d'actes qui devraient pourtant se réaliser en plein jour, en respectant la libre volonté exprimée d'un patient raisonnable, tout en respectant aussi le droit de réserve de certains soignants, s'assurant toujours de son bien-fondé par une décision collégiale. L'euthanasie n'est pas un crime. Elle est étymologiquement la recherche d'une mort paisible par l'association 1) d'un constant accompagnement mettant les soignants au service du patient et de son entourage, 2) de soins palliatifs si besoin, 3) de l'absence d'acharnement thérapeutique, 4) d'une éventuelle aide à mourir.

Cette aide à mourir ne devra pas se limiter à une dépénalisation du suicide assisté dans la future loi française. Elle devra aussi légaliser l'aide médicale active à mourir. En Belgique, où la loi de 2002 permet ce choix, une  grande majorité de patients choisissent une sédation médicale rapide plutôt que de se suicider, même avec la sécurité d'une assistance médicale.

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