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Euthanasieur. Faut-il créer un nouveau métier ?

FIN DE VIE: NON À Mgr. de MOULINS-BEAUFORT

FIN DE VIE: NON À Mgr. de MOULINS-BEAUFORT

Mgr. de Moulins-Beaufort est archevêque de Reims, président de la Confédération des évêques de France. Lors d'une interview parue ce dernier dimanche dans le Parisien sous le titre accrocheur de "Euthanasie, le veto de l'Église", il manifeste ses craintes pour la France des conséquences du travail à venir des cent cinquante membres de la Convention citoyenne sur la fin de vie dont le tirage au sort s'effectue actuellement. Ceux-ci devront d'abord répondre à la question de savoir si la loi actuelle est suffisante ou s'il faut élargir les indications d'une aide médicale à mourir, comme le souhaite plus de 90% des Français, comme l'envisage, enfin et avec grande prudence, le Comité consultatif national d'éthique (malgré une réserve partiale notoire liée à sa composition!). L'archevêque affirme que "tout le monde" s'accorde à dire que la loi Clayes-Léonetti, votée il y a seulement six ans, n'est pas encore vraiment mise en œuvre. Il s'étonne qu'il y ait déjà besoin d'en préparer une autre et reprend la "rengaine Léonetti" en faveur du développement des soins palliatifs. "Il faut s'aider à vivre et non pas à mourir", dit-il!

                NON, Monseigneur! L'amour du prochain doit se manifester tout au long de nos vies par un accompagnement à l'écoute du patient, en entendant ses plaintes, en respectant ses choix physiques et spirituels. Aider à mourir c’est aider à mieux vivre jusqu’à la fin. Dès 2005, les soignants non inféodés aux interdits des religions monothéistes, ont certes apprécié le soutien aux soins palliatifs de la loi Léonetti tout en regrettant ses imprécisions sur le "laisser mourir". À l’écoute des patients, ils ont discrètement poursuivi leurs prescriptions létales. En 2016, ils ont relevé la disparition de l'hypocrite notion du "double effet" remplacé par le possible emploi d'une "sédation profonde et continue", qu'ils ont largement utilisée. Mais qui s'est rendu compte de la contradiction de deux des  articles de la nouvelle loi exigeant d'une part le respect des demandes d'un patient conscient ou de ses directives anticipées, n'autorisant d'autre part qu'une mort lente, pouvant durer plusieurs jours, agonie douloureuse au moins pour l'entourage. Ayant assisté la fin de vie de plus de 4000 patients au cours de ma carrière, je peux vous affirmer que la loi actuelle reste insuffisante... et les années s'écoulent au grand dam des mourants dans l'irrespect de notre devise républicaine car il n'y a actuellement en France sur ce sujet ni liberté, ni égalité, ni fraternité!

                Relisez la Bible, Monseigneur! Moïse, rapportant du Sinaï à son peuple les tables de la Loi, fit aussitôt massacrer les trois mille Juifs adorant le veau d'or. Dieu le Père n'a ainsi jamais pu ordonner le sixième commandement "Tu ne tueras pas". Erreur de traduction! Il faudrait lire en fait "Tu ne commettras pas de meurtre", autorisant ainsi notamment la légitime défense et les guerres dont celles de religion ! Son Fils a déclaré "Aimez-vous les uns les autres!" ; l'euthanasie bien appliquée, dans son sens large établi par sir Francis Bacon, créateur de ce mot en 1605, n'est pas un crime mais un final et courageux geste d'amour.

                Bernard Lebeau, pneumologue et cancérologue, ancien professeur de médecine à l’université Pierre-et-Marie-Curie, auteur de la série « Essayer de Transmettre » aux éditions LC.

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