Sédation profonde et continue en milieu libéral

Dans une recommandation de bonne pratique publiée ce lundi 10 février, la Haute Autorité de santé (HAS) ouvre la voie à une plus grande accessibilité au midazolam, un puissant sédatif utilisé pour mise en œuvre de sédations profondes et continues jusqu’au décès, comme définies par la loi Claeys-Leonetti de 2016. Ce produit était jusqu'à maintenant exclusivement délivré par les pharmacies hospitalières.

Début janvier, plus de 1 000 praticiens libéraux avaient signé un texte de soutien à un généraliste normand provisoirement interdit d’exercice pour avoir administré ce médicament à plusieurs de ses patients en fin de vie (notre blog du 9/12). Dans ce texte, ils réclamaient d’avoir « les mêmes droits que leurs collègues hospitaliers, dans le cadre de la loi Leonetti, sans risquer de se faire interdire d’exercice ».

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande désormais formellement aux pouvoirs publics de permettre la dispensation en ville de ce médicament dont l’autorisation de mise sur le marché  ne prévoit qu’une utilisation pour des anesthésies. « Aucun médicament en France n’a aujourd’hui d’AMM pour la sédation profonde, continue et maintenue jusqu’au décès », souligne la HAS, où l’on juge « assez exceptionnel » de faire ainsi de telles recommandations « hors AMM ».

Dans ce document , l’autorité sanitaire livre un « guide pratique » de l’usage du midazolam, « en première intention », à l’hôpital comme à domicile, dans le cadre d’une sédation profonde, continue, maintenue jusqu’au décès, en rappelant que cet acte doit être décidé par procédure collégiale, qu’il nécessite un médecin joignable 24 heures sur 24 « avec possibilité de visites médicales à domicile », ayant contact avec un réseau de soins palliatifs, et disposant si besoin d’un « lit de repli » à l’hôpital.

On progresse, mais toujours dans l'hypocrisie: ce produit ne "laisse" pas mourir, il "fait" mourir!